Au conseil scolaire d’Haïda Gwaïi (CS50), le programme d’alimentation est né d’une idée toute simple : nourrir les enfants à l’école, c’est ce qu’il faut faire.
« D’abord l’alimentation, puis une alimentation nutritive et locale : telle était notre liste de vœux », se souvient Dan Schulbeck, l’enseignant qui a lancé le programme Garden and Gather dans les écoles du conseil scolaire il y a plus de dix ans. Comme 80 % des élèves se considèrent comme Haïdas, les familles voulaient aussi que leurs enfants apprennent les pratiques alimentaires traditionnelles. L’intégration de ces traditions au programme sert non seulement à préserver l’héritage culturel, mais aussi à enseigner les compétences alimentaires et les compétences de vie essentielles.
Aujourd’hui, le programme d’alimentation du conseil scolaire 50 est étroitement intégré à la totalité du cycle alimentaire. LF2S (Local Foods to School), une initiative communautaire de sécurité alimentaire, fournit des ingrédients aux écoles en s’approvisionnant auprès de celles et ceux qui se consacrent à la pêche, à la chasse ou à la cueillette. Les réserves de LF2S sont pleines de denrées locales : palourdes, crabes, poissons, venaison, thon, baies, chanterelles, etc.
Les élèves participent activement à l’approvisionnement alimentaire. « Tout a plus de sens quand les enfants prennent part à la récolte et à la transformation des aliments », explique Shelly Crack, codirigeante de LF2S et diététicienne communautaire à la régie de santé Northern Health.
Transformation des crabes que le programme LF2S stockera pour les élèves dans sa réserve de la pointe sud. Photo : Marnie Smith.
Dans le cours de jardinage et cueillette, les élèves apprennent à cultiver, cueillir, transformer et préparer suivant les méthodes traditionnelles des aliments dont beaucoup servent à approvisionner le programme de dîners scolaires.
Par exemple, la morue que LF2S achète aux pêcheurs locaux est transformée par les élèves et sert à confectionner des tacos de poisson servis par le programme de dîners scolaires. Pour ce type d’activités, le conseil scolaire collabore avec les gardiennes et gardiens des savoirs traditionnels tout en respectant les directives de sécurité sanitaire des aliments.
Les aînées et aînés enrichissent l’apprentissage pratique en faisant partager leurs savoirs ancestraux de manière à transmettre les traditions aux générations suivantes.
Les élèves du conseil scolaire 50 bénéficient de repas de haute qualité contenant jusqu’à 30 % d’ingrédients de proximité ou récoltés selon les traditions. Ian Keir, directeur de la plus grande école de l’île, a rappelé que c’est vraiment un privilège de bénéficier chaque jour de repas fraîchement préparés méritant une photo : « Souvent, on ne se rend pas compte à quel point ces repas sont extraordinaires, parce qu’on les a tout le temps. »
Mais le programme d’alimentation scolaire fait plus que nourrir les élèves : il renforce aussi l’économie alimentaire de Haïda Gwaïi. Les élèves apprennent à prendre soin de la terre et à être en phase avec leurs sources d’alimentation, tandis que les gardiennes et gardiens des savoirs ont de parfaites occasions de transmettre les traditions ancestrales.
Élèves de l’école Chief Matthews au travail dans la serre communautaire. Photo : Chris Horner.
Ces compétences alimentaires viennent renforcer ce qu’on enseigne dans la communauté et dans les familles, préparant ainsi les élèves à récolter et transformer les aliments qui nourriront la prochaine génération.